François, 64 ans, est un esprit ouvert, curieux de tout, fourmillant de projets. Son parcours de vie est aussi riche qu’atypique. Depuis la Somme de sa petite enfance aux plateaux télé avec un père travaillant pour l’ORTF, en passant par ses aspirations artistiques ou spirituelles qu’il a pu satisfaire à l’âge adulte, c’est une personne d’une grande sensibilité qui a accepté de se confier à nous. Vivant à Paris, accompagné depuis trois ans, polyhandicapé (même si cela ne se voit pas), François est un être de rencontres, qui aime avant tout la vie et le partage.
Retracer la carrière de François relève de la gageure, tant les métiers qu’il a exercés sont divers et peuvent sembler aux antipodes : mannequin à 20 ans pour la maison Chanel, acteur, berger, moine, assureur, journaliste, écrivain, rédacteur en chef d’une revue spirituelle ! Incontestablement, François n’a jamais aimé rester enfermé dans son cercle de pensée : « Échanger avec des personnes qui ne pensent pas comme vous procure une grande énergie car elles vous obligent à réfléchir à votre façon de penser. La vie, c’est un partage au-delà des opinons politiques ou religieuses ».
Les rencontres, les échanges d’idées permettent de comprendre l’autre et de s’enrichir. « Des plus simples personnes aux plus éminentes, j’ai rencontré des gens merveilleux. C’est la personne dans sa richesse qui m’a fait avancer », raconte-t-il. Car des rencontres, il y en a eu beaucoup pour jalonner le parcours de vie de François : du paysan du Cantal à Jean Marais, des pèlerins de Compostelle à Luciano Pavarotti… jusqu’à Jean-Paul II, rencontré en audience privée dans ses appartements du Vatican. Une vie hors normes.
Deux moments de grâce
François a été particulièrement marqué par deux périodes, heureuses. Tout d’abord, après sa formation au cours Simon et au centre national des arts dramatiques, son métier d’acteur lui a apporté de nombreuses satisfactions : « Être sur une scène, sentir les spectateurs s’émouvoir de vos paroles, réagir à un texte, c’est bouleversant. On se dit que l’on n’a pas perdu son temps, c’est la force de l’art », observe François. Pourtant, après quelques années, à cause de la « difficulté de ce milieu », il doit faire autre chose. Ce sera berger !
Puis, il se réorientera à nouveau pour devenir moine : « Ces sept années ont été les plus belles de ma vie. Une vie de prières, dans le dénuement matériel le plus total, une vie fraternelle avec des frères que l’on n’a pas choisis, dans des lieux sublimes, notamment à l’abbaye de Sainte-Foy de Conques », se souvient François. Et puis la vie a suivi son cours avec des hauts et des bas, jusqu’à la rencontre avec les Petits Frères des Pauvres.
Une dignité retrouvée
Alors qu’il traversait une période compliquée, la maladie, les difficultés financières, la rupture de liens, cette rencontre est une renaissance : « Les Petits Frères des Pauvres m’ont d’abord aidé en m’apportant leur soutien matériel pour clarifier ma situation administrative mais surtout en m’apportant du bonheur dans une vie qui devenait isolée et répétitive », témoigne François. Les rencontres avec les trois bénévoles qui le suivent depuis le début sont très riches. Il a aussi la chance de fêter Noël et partir en séjour de vacances.
« Les Petits Frères des Pauvres m’ont permis de garder la tête hors de l’eau ; tout seul je n’y serais pas arrivé. Alors qu’il traversait une période compliquée, la maladie, les difficultés financières, la rupture de liens, cette rencontre est une renaissance : « Les Petits Frères des Pauvres m’ont d’abord aidé en m’apportant leur soutien matériel pour clarifier ma situation administrative mais surtout en m’apportant du bonheur dans une vie qui devenait isolée et répétitive », témoigne François.
Les rencontres avec les trois bénévoles qui le suivent depuis le début sont très riches. Il a aussi la chance de fêter Noël et partir en séjour de vacances. Ces moments de partages et d’amitié sont essentiels pour François. Depuis la crise sanitaire, même s’il continue de recevoir des appels et d’échanger avec eux par d’autres biais, il attend avec impatience la reprise des visites en vrai.
Rêves d’avenir
Malgré sa santé et les difficultés matérielles, François continue à composer des poésies, à écrire, à lire, à écouter de la musique… et à rêver ! Il aimerait découvrir l’artisanat d’art, la poterie. Pour lui, « tout dépend de la focale que l’on met sur sa vie. La vie est belle, je ne me laisse pas enfermer par mes difficultés ». Mais son grand projet est de quitter Paris dans quelques années. « J’ai besoin de nature, je rêve d’une petite maison au bord de la mer dans le Sud-Ouest », dit-il. Nul doute que dans ce futur environnement, François poursuivra sa quête de belles rencontres !
Article paru dans « Ensemble », le magazine des Petits Frères des Pauvres – avril 2021